(texte français ci-dessous)
Six months ago, I decided to take time off from the juggling act of handling the many different streams of my art practice to perhaps make choices. I also wanted to find fresh ways to address environmental issues while working in a large format.
The challenge for an artist working in sculpture is to constantly be thinking of the physical context of the work. Where is it going to go? How much will it cost to produce? How would it travel? How can it fit in the exhibiting context? This is added to the already full list of self-imposed criteria. Pursuing my journey in exploration of nature, discovering ways to work in a large format, integrating text and graphics in textiles are only a few things on that list.
There are also a lot of questions that come as I get older. I wanted to let go, if only for a while, of the small works and light boxes to work exclusively on sculptural installations. More importantly, I had to revisit my commitment to the environment in my work. I felt the weight of the topic of climate change and wanted to get a more personal connection to the issues.
Suddenly, a healing memory resurfaced: the image of a canoe ride on a lake with my father, on a perfectly still lake in the fall. Not only did it become the anchor needed to build a new series, it also explained my fascination for the use of mirror image in my compositions in the last fifteen years.
Trusting the process, I let myself work with it, hoping that many other pieces of the creative puzzle would come together. I surrendered myself to the playful work of textiles, enjoying all the steps, from sourcing used garments in thrift stores to sewing buttons and piercing patterns for hours. Bit by bit, it all came together.
“Lac Sainte-Marie” became the first and largest of a series of three 3D textile pieces. This 11 panel installation has a variable geometry, the preferred one being an 8’ circle in the middle of the room. On one side there is a blue forest and on the other the perfect reflection of a lake in the Laurentians.
Then, I pursued with “Vanishing Ice”, a 6 panel installation set in a wave formation. Here, I used all the graphic research of a previous installation of the same name. I used the mirror-image of iconic glaciers as tattoo-like marks on female silhouettes. This made the issue of climate change more personal for me than in its previous incarnation.
Finally, “Elements” came about. This smaller 4 panel piece is the combination of an advanced decorative use of pattern in fabric burning and the female form. Always playing with the negative space in my composition, I used triangle shapes appearing between the straight and folded legs of the figures. They represent air, water and land, encasing life forms as pierced patterns in fabric. The endangered barn swallow and threatened Pacific salmon are filling the two top figures. Cedar bows fill the bottom figure, symbolizing the earth.
Taking the time to do a large body of work without funding or promise of exhibition is an absolute privilege, one the many privileges that I have.
For better or for worse, my art practice comes from a life where no trauma, personal, generational or historical, has taken place. I am keenly aware of this fact as I progress in art and the balance of representation in contemporary art is shifting. If I get a chance to share my art in the future, my voice should be only one in the chorus of the multitude whose time has come to be heard.
Il y a six mois, je pris une pause pour remettre en question l’ensemble des nombreux aspects de ma pratique artistique. L’équilibre était à revoir. Certains choix seraient peut-être à faire. Je voulais aussi trouver de nouvelles façons d’aborder les questions environnementales tout en travaillant en grand format.
Le défi en sculpture est de de toujours avoir à considérer le contexte physique de l’œuvre (lieu de diffusion, coût, transport) avant même de pouvoir créer. Cela s’ajoute à la longue liste de contraintes que je m’impose tel que la poursuite d’une démarche de recherche sur le thème de la nature, l’intégration de texte et graphisme en textile et le travail en format architectural.
Avec l’âge, vient le questionnement. Heureusement, mettre de côté certaines choses, quitte à les reprendre plus tard, vient naturellement. Je décidai de laisser les petites pièces et les boîtes lumineuses temporairement pour me consacrer exclusivement à l’installation sculpturale. Je dus aussi évaluer mon engagement avec les questions environnementales dans mon travail artistique. Je sentais le poids du sujet et cherchais instinctivement une façon plus personnelle d’aborder les changements climatiques. Tout d’un coup, une image, issue d’un souvenir apparut. Je me revoyais, il y a bien longtemps, en canot sur un lac tranquille à l’automne avec mon père. Cette image refaisant surface devint l’ancre qui me permit de me mettre au travail. De plus, je compris d’où venait ma fascination pour l’image miroir.
Je me suis donc laissé porter par le processus créatif, espérant que le casse-tête se réalise. Je m’abandonnai au jeu du travail du tissu, savourant chaque étape du processus. Tout fut un plaisir, des visites dans les friperies jusqu’aux longues heures passées à assembler et perforer les pièces de vêtements récupérés.
Lac Sainte-Marie fut la première œuvre. Cette grande pièce de 11 panneaux a une géométrie variable, le cercle étant ici ma configuration préférée. D’un côté une forêt bleue, de l’autre le lac des Laurentides qui fut la source du souvenir révélateur.
Vint ensuite Glaces en fuite, une pièce de 6 panneaux en forme de vague. J’utilisai toute la recherche graphique d’un projet passé du même nom. L’image miroir de grands glaciers couvrait comme des tatouages, des silhouettes féminines. Cela rendit pour moi le propos sur les changements climatiques plus personnel qu’auparavant.
Enfin, apparut Éléments. Cette pièce de 4 panneaux est le résultat d’un usage poussé de graphisme et de motifs sur tissu brûlé ainsi que de l’utilisation de la forme du corps. Cette œuvre représente les trois éléments naturels, soit l’air, l’eau et la terre. On y trouve trois silhouettes, chacune comportant un triangle créé par l’espace négatif entre la jambe pliée et la jambe droite. Il y a deux espèces menacées, l’hirondelle rustique et le saumon du Pacifique dans les deux silhouettes du haut. Des motifs de feuillage de cèdre remplissent le corps du bas représentant la terre.
Prendre le temps de créer un grand projet sans subvention ou promesse d’exposition est un des nombreux privilèges dont je bénéficie.
Ma pratique artistique est le produit d’une vie sans traumatisme, que ce soit d’ordre personnel, générationnel, culturel ou historique. Enfin, la représentation et participation de divers groupes change sur la scène artistique. Si j’ai la chance de diffuser mon art à l’avenir, je souhaite que ma voix ne soit qu’une parmi toutes celles qui méritent vraiment d’être entendues.